Ce que nous avons pensé des UX DAYS 2019
L’équipe UX/UI design était à Paris le 21 juin dernier, pour assister au cycle de conférences des UXDays 2019. C’est un des plus grands évènements d’UX organisés en France, par l’association FLUPA (association francophone des professionnels de l’expérience utilisateur).
Nous nous sommes séparés afin de suivre toutes les conférences proposées, pour pouvoir vous en parler.
Do we still speak for the trees? Usability’s changing role in a UX-owned world.
« On parle toujours pour les arbres ? Le rôle de l’utilisabilité change dans un monde qui appartient aux UX«
Steve KRUG, Usability consultant and writer – Keynote d’ouverture
Réponse courte : “ ça dépend ! ”.
La réponse longue est tout aussi nuancée.
Sur la forme déjà, la présentation de Steve Krug illustre son propos : un template ultra simpliste avec un fond d’écran blanc, un titre et des bullets points. C’est une représentation du paradigme de “l’efficacité d’abord”: le but est avant tout d’être bien compris ; et la couche esthétique n’est ici pas nécessaires, voire pourrait être encombrante.
Steve Krug dresse un historique de l’association UxPA, qui a enfantée FLUPA.
À l’origine, UxPA était UPA, pour désigner “Usability Professional Association”. Le “x” a changé le sens en “User eXperience Professional Association”. À l’époque de UPA, les professionnels étaient des “défenseurs des utilisateurs”. La question que pose Steve Krug est : est-ce toujours le cas ?
“Have we traded our souls for a seat at the table?”
« Avons-nous échangé nos âmes contre une place à table ? »
C’est dans l’ADN de toutes les associations UX de s’assurer de placer l’utilisateur au centre de notre démarche, et de lui procurer la meilleure expérience possible. Stev Krug utilise donc cette question comme une provocation, visant à alerter les professionnels sur des pratiques beaucoup plus insidieuses. Pour résumer, il s’agit du “Dark UX”, ou des “Darks Patterns”. En quelques décennies, l’UX est effectivement devenue un levier puissant pour générer des expériences satisfaisant les besoins des utilisateurs, et en parallèle améliorant grandement le business. Avec l’essor de l’UX, et la percée des travaux de neurosciences (qui ont entre autres amenés la discipline du “neuromarketing”), nous sommes devenus meilleurs pour influencer les désirs et comportements des utilisateurs. Il évoque le site web DarkPatterns.org qui référence des astuces utilisées dans les sites Web et les applications qui vous font faire des choses que vous ne vouliez pas, comme acheter ou s’inscrire pour quelque chose.
Pour Steve Krug, certains professionnels de l’UX seraient “passés du côté obscur de la force”. En d’autres termes, des UX/UI researcher et designers seraient aujourd’hui (sciemment ou pas) en train de concevoir des produits et expériences ne visant pas de prime abord la satisfaction du user mais les intérêts financiers des entreprises.
“Delight is overrated”
« Le plaisir est surestimé »
D’après lui, il arrive aussi que les professionnels de l’UX conçoivent de plus en plus des expériences fun, à l’esthétique léchée, mais en laissant de côté parfois l’utilisabilité du produit conçu. De manière intéressante, cela nous a fait penser aux débats théoriques et scientifiques sur les relations entre l’utilisabilité et l’esthétique des systèmes; comment l’un influence l’autre et inversement. À ce jour, plusieurs travaux ont montrés que ce qui est beau est perçu comme plus utilisable, et d’autres travaux ont montrés que ce qui est très utilisable est perçu comme plus beau. Pour Steve Krug, il est important de garder au centre de notre démarche professionnelle les intérêts premiers des utilisateurs, et concevoir des expériences avant tout utilisables.
D’après lui, le futur de la profession sera probablement amené à générer un ensemble de régulations, à mesure que l’UX prendra une part plus importante dans la “table des décideurs, du business”.
D’après lui, quand on est concepteur UX, on doit se poser les questions suivantes:
- As-t-on vraiment besoin de faire ça ?
- Êtes-vous (et votre boss) au courant que nous faisons ça ?
Qu’en avons-nous pensé ?
La conférence de Steve Krug était très bien menée, très claire, et dans le ton de ce qui se fait actuellement. En effet, il y a une attention grandissante portée sur les enjeux éthiques (voire environnementaux, mais cela reste timide) de notre métier. Le propos de la conférence est d’utilité publique, voire politique. À La Mobilery, nous sommes conscients de l’ambiguïté qui peut exister dans notre profession, et sommes vigilants à porter des projets de conception qui aillent toujours dans le sens de l’utilisateur final. Cela ne signifie aucunement un recul sur les enjeux business, bien au contraire: être un professionnel de l’UX c’est aussi croire que la satisfaction des besoins utilisateurs est un moteur primordial de l’atteinte d’objectifs commerciaux. La différence se situe dans le fait que nous n’utilisons pas notre pouvoir, celui d’être concepteurs, celui du design, pour asservir l’utilisateur, mais pour lui rendre le service qui le satisfera, créant ainsi une forte adhésion. Le business est ainsi mécaniquement au rendez-vous.
Retrouvez l’intégralité des articles écrits durant les UX DAYS de 2019 ici !