Le Gatekeeper: une mauvaise posture pour un PO

En prenant en compte la complexité, l’incertitude et les changements du monde dans lequel on vit, il est crucial d’adopter les bonnes postures pour fabriquer des produits de qualité. On a déjà abordé l’effet HiPPO dans un article précédent qui rappelait à quel point une attitude trop verticale pouvait être délétère dans les processus de fabrication. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à une posture malheureusement méconnue de la plupart des intéressés: le Gatekeeper.

Qu’est-ce qu’un Product Owner Gatekeeper?

Un gatekeeper est quelqu’un qui va surveiller l’accès à une zone protégée. En l’occurence, si on fait l’analogie avec les product owners, on peut dire qu’un product owner gatekeeper est une personne qui va vouloir contrôler tous les accès à l’équipe de fabrication du produit (rappel: ce ne sont pas seulement des programmeurs).

En d’autres termes, rien de ce qui se passe dans l’équipe, que ce soit une idée, un bug, etc… ne passe par lui. Cette posture génère énormément d’effets dévastateurs pour la bonne santé de l’équipe et du produit.

Effets négatifs du Gatekeeper

  • Augmentation de la verticalisation des échanges. C’est pourtant ce qu’on cherche à éliminer au sein des équipes.
  • Perte de transparence. Socle de base des méthodes agiles qui veut que tout soit visible et compris de tous de manière à permettre l’inspection et l’adaptation constante. Le Gatekeeper va jusqu’à drainer tous les feedbacks utilisateurs pour être sûr de rester le seul point d’entrée et décideur sur les futurs ajustements.
  • Réduction la vitesse de prise de décision de l’équipe. En effet, si le Product Owner sur-protège l’équipe en concentrant toutes les informations sur lui, l’équipe perdra sa prise d’initiative au profit d’un état végétatif qu’on appelle zombie scrum.
  • Diminution de la motivation et de la créativité des collaborateurs qui fabriquent le produit puisqu’ils se sentent coupés du reste du monde.
  • Perte de qualité qui va de paire avec la perte du collective ownership.
  • Augmentation du time-to-market dans la mesure où le Product Owner devient le goulot, tout prend mécaniquement plus de temps pour affiner les idées.

En somme, ce genre de Product Owner suit le crédo « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » comme dans la célèbre franchise du héros masqué.

Le Gatekeeper est quelqu’un qui, souvent, vient de l’ancien monde très vertical où la notion de prestige est de rigueur. Il faut qu’on le voit et que tout le monde sache que c’est lui le chef.

Comment résoudre ce fléau?

  • Encourager le PO à partager régulièrement des mises à jour et des informations avec l’équipe.
  • Favoriser un environnement propice aux feedbacks. Les collaborateurs de l’équipe doivent se sentir libre d’exprimer un retour qu’il soit positif ou négatif.
  • Instaurer plus de sessions de groupe. Plutôt que d’inviter seulement le PO, penser à convier des membres d’équipes.

Conclusion

Le rôle du Product Owner est complexe et nécessite une combinaison d’habiletés techniques, de leadership et de communication. Adopter la posture de « Gatekeeper » peut sembler protecteur à court terme, mais à long terme, cela nuit à la collaboration, à la confiance et à la qualité du produit. En promouvant la transparence, la collaboration et le feedback, nous pouvons aider nos PO à éviter cette posture et à naviguer avec succès dans le monde agile.

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